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Chroniques du Roi Lézard. Poésie-Rock

Chroniques du Roi Lézard. Poésie-Rock
  • Les figures mythologiques appartiennent à ceux qui veulent les voir vivre dans leur forme singulière. Voici donc la suite et le commencement des aventures extraordinaires d'un vieux Roi qui nous parle de liberté et de sa nature solaire et insoumise..
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16 janvier 2008

Au commencement...

Il reste peut-être encore quelque chose à faire avant que tout ne se fige, un ultime désir de voir la beauté émerger comme une vérité intangible. Je me demande si l'expérience de la beauté du monde peut ouvrir de façon définitive ou si même cette vision peut arriver à se perdre dans la médiocrité du quotidien et du renoncement. Alors qui est le plus fort? Qui peut rester seul avec ça? Après le rêve étincelant du commencement, il faut bien se résoudre à la parole pour ne pas devenir fou. Je parle de ce qui fait qu'un beau matin, on se réveille avec le sentiment d'exister  vraiment, d'être habité par un souffle sans commune mesure avec ce qu'on a déjà connu. Je parle de prises de tangeantes acrobatiques et d'épisodes fulgurants. Je suis en train de vous parler de la poésie du monde, de ce qu'il reste à espérer pour des milliers d'années. Je dis qu'il faut sortir, prendre des provisions et franchir la porte.



Je suis un roi archaïque qui danse dans un désert de sable grand comme une planète entière. J'ai encore dans le crâne, plantés comme des sagais, les chants de mes frères qui chassaient le renne dans les espaces verdoyants. Je connais bien Pan. Ce fumier me doit toujours de l'argent gagnée lors d'une mémorable partie de poker. Si vous le croisez, tuez-le pour moi.
Je les connais tous d'ailleurs, ces salauds de dieus grecs et les autres qui ne se gênent pas pour tricher lamantablement et systématiquement à chaque partie de cartes. Tous des arnaqueurs!

Aucune figure astrale n'est à la hauteur d'un démoniaque solo de guitare électrique saturée à mort par une disto chaude et sensuelle. Aucun dieu n'a sufisamment de couilles pour reconnaitre que Mozart en a plus fait pour eux que eux pour nous.



Au cours de la dernière lune, j'ai entendu parler d'un chevalier centenaire qui a fracassé sa guitare Fender contre son poste de télévision. Le plus drôle, c'est que ça faisait au moins dix ans qu'il était sourd. Je crois savoir qu'il avait décidé de tourner définitivement le dos à quelque chose, à moins qu'il n'ait pris un rail de coco de trop. Allez savoir avec les vieux fous!

Reste un peu après la nuit
Quand ils vont tous aller dormir
Reste pour écouter vraiment, pour apprendre de moi
Je n'ai pas grand chose à dire
Veux-tu écouter un peu de musique?
Mon vieux poste marche encore, tu sais
Je vais faire chauffer du café bien noir
Et attendre ta présence infime


A quand remonte la dernière séance de magie noire ou les sorcières nues dansaient en scandant des cris farouches?  Il faudra peut-être attendre le retour des enfants prodiges avec leurs vestes de velour et  de satin lorsque toutes les bouteilles d'alcool fort auront été bues et que les esprits seront en état de recevoir le sens du nom secret de Dionysos.



Le Roi-Lézard se promenait entièrement nu dans dans les jardins d'un Eden rempli de roses anglaises. Sur sa tête rasée, il portait un phallus en chamalo de trois mètres exactement. Ce constume de cérémonie faisait de lui une sorte d'anti-paratonaire en lien avec les mouches et les abeilles qui produisaient, dans cette région, un miel au goût de bubble-gum.
C'est alors qu'un orage éclata. Le Roi-lézard, plein d'un magnifique désir de puissance, mangea son phallus et devint son propre totem. Les éclairs pulvérisaient les particules comme une armée de lucioles aux abois. Ainsi le Roi-Lézard entra-t-il dans le secret de ce monde et devint ce qu'il devait être.

Une autre fois, Le Roi-Lézard se masturba en pensant à cette déesse dont je ne me souviens plus du nom, mais qui avait un cul d'enfer, un cul à faire cogiter un roi sur le véritable sens de la vie. Sa semence sacrée se répendit comme une merde de teckel sur le lino de sa cuisine américaine. Fort heureusement, il y avait un trou et le sperme rageur arriva à bout de force sur la bonne Terre Gaïa. De cet étrange épisode, naquit l'amour de sa vie, une sorcière-prétresse qu'il nomma aussitôt Ludivine.

La dernière fois que j'ai vu le Roi-Lézard, il roulait d'un air absent dans sa Ford Mustang Shelby GT 500. Nous étions en 1967, je crois et la lune était pleine. L'air avait une texture étrange, comme si le temps se dilatait, comme si le grand Roi revenait à son point d'origine.




Dans la boue, les petites étoiles scintillantes
De rouges lucioles crépitent comme de l'huile
La nuit prend des couleurs de fête et le froid
Les trous noirs crachent toutes sortes de messages
Par delà le temps la blessure la chaire ouverte
Les yeux de mort font des appels de phare
L'histoire s'échappe en glissade pitoyable
Vers des peurs qui ne s'en iront jamais
Non pas d'avoir vu, mais de ne pas comprendre
Pourquoi il n'y est pas resté






Le roi bulait dans les allées d'un hypermarché à la décoration improbable, marron et orange. Un rayon entier était consacré au viandox, un autre aux chipos, encore un autre aux sachets Tang pour faire des boissons chimiques. Les gens avaient l'air heureux autour de lui; tout le monde souriait et se réjouissait de remplir son caddie. A dire vrai, il n'y avait pas tant de monde que ça, juste pas assez pour que cette foule parsemée rende les choses vraiment bizarre. C'était comme si ces corps n'existaient pas. Cette fois encore, le Roi n'avait pris aucune drogue, ce qu'il aurait peut-être dû faire d'ailleurs.  Alors sans qu'il sut pourquoi, il se planta au milieu des étales pleins de shampooing à la pomme verte et se mit à pleurer. Il se trouva si fatigué de tout ce vide qu'il s'encanilla un paquet complet de fraises tagadas pour se remettre. Cependant, la blessure était plus profonde et il s'enfila un deuxième paquet. Au dixième paquet, il pris la résolution de vider l'intégralité du rayon consacré aux fraises tagadas. Il expérimenta la tentative de résolution de la souffrance par l'excés. Arrivé au 3/4 du rayon, son corps devint tout rouge. Il ressemblait à s'y méprendre à un pénis géant. Dans cette position difficile, le grand Roi ne se démonta pas. Soulagé de sa tristesse et à vrai dire totalement mort de rire, il pris prestement la direction du rayon dévoué aux sacs poubelles. Il se saisit de l'un d'eux et s'en recouvrit la tête. Ainsi le Roi-lézard put-il regagner tranquillement la sortie sans être inquiété.






Un autre jour, le roi Lézard entra dans un café-musique légendaire où il avait l'habitude de passer des soirées d'orgie en galante compagnie. Il se vautra sur sa banquette habituelle, une belle étoffe rouge brodée de scènes obsènes. La musique électronique d'un label anglais indépendant donnait une atmoshère spaciale enivrante. Il était un peu en retrait de l'agitation lanscinante et sensuelle des sexes qui se cherchaient dans l'arène. Pleinement conscient de son extraordinaire condition, il  but, en esthète, une Chartreuse verte de 1947. Fort de ce plaisir intense, il replia ses jambes sous lui et médita. Il resta dans cette position pendant plusieurs heures car son esprit était très puissant. Il vit des choses magiques et secrètes. Il vit sa propre image assise devant lui en prière, avec un sourire de paix et de plénitude. Lorsqu'il repris vie dans le monde, une jeune femme aux seins de marbre urinait dans un sceau à champagne ce qui lui causa une vive érection.

Un autre jour, le Roi-Lézard fabriqua de ses propres mains une pirogue de quinze mètres de long. Il partit du Cap Vert où il étudiait la faune sous-marine pour se rendre illico presto à New-York. Sa quête était de vérifier si ce putain de resto chinois dont lui avait parler De Niro dans le Bronx était à la hauteur  de sa réputation. Pour trouver sa route dans le grand océan, il fit confiance à un requin marteau psychotique qui se prenait pour une enclume. C'est cette hallucination qui l'empêchait de vivre avec ses semblables. En effet, chaque fois qu'il voyait un autre requin marteau, il se faisait taper dessus. Du coup, il fut classé masochiste par la communauté scientifique. On a bien cherché un requin psychanalyste mais ils étaient tous surbookés sur terre.
Bref, il se pointa tant bien que mal à bon port, hirsute, puant et fort amaigri. Pour se faire reconnaître malgré son aspect misérable, il se para de son masque sacré de serpent. Ainsi, le Roi-Lézard fit-il son apparition au milieu des ordes sauvages de yellow cars et des courtiers sanguinaires. Une junkie totalement défoncée à l'acide et un professeur d'Université le recon nurent aussitôt. Ils l'emmenèrent dans un vieux théâtre désafecté car personne en ce temps ne s'intéressait au Roi-Lézard et il eut été dangereux de faire état de son identité. La chambre d'isolement eut été au bout de cette folle initiative. Pour une fois, le Roi-Lézard s'essaya aux drogues et prit un acide que lui offrit la junkie qui s'appelait Jennie. Rapidement, son état de consience se modifia et son hallucination l'emmena à la chasse aux rennes. Le Roi-Lézard maniait la saguais comme personne. Sur la scène du théâtre, son délire faisait comme une danse rituelle. Jennie et le professeur l'imitèrent et ne tardèrent pas à entrer en transe. Eux aussi eurent des visions secrètes et intimes. Cette expérience mystique fut la plus belle de toute leur vie. Au bout de quelques heures, le Roi-Lézard reprit ses esprits et se souvint de la raison de sa venue à New-York. Il se rencarda auprès de Jennie sur le resto chinois, mais c'est le professeur d'Université qui lui répondit : "C'est à moi qu'tu parles?...Non, je rigole. C'est un truc entre DeNiro et moi". Bon, comme la soirée partait plutôt pas mal, le trio décida de rester ensemble. Comme de DeNiro  n'était pas un enculé, son tuyau était de première et ils se régalèrent. La suite sent le roman de série B. Il n'est nul besoin de la raconter ici.



Un autre jour, le Roi-Lézard passait lui-même la serpillière dans sa gigantesque cuisine qui ressemblait à s'y méprendre à la nef d'une cathédrale. En effet, les gens de maison étaient tous partis faire la foire dans une boite branchée appelée le Garage. Fort judicieusement, il s'était fait tenir compagnie par un dragon, dont il devient vite dépendant, notamment pour le nettoyage des arcs-boutants perchés à plus de trente mètres au-dessus des fourneaux et des gamelles. Une fois l'ouvrage accompli, le tandem profita de cette solitude temporaire pour entamer une mémorable partie d'échec. Au bout de trente trois heures de jeu, le dragon abattit son roi et se suicida en avalant son feu. Comme il était le dernier de son espèce, le Roi-Lézard prit sa force et devient aussi un peu dragon.

Un autre jour, le Roi-Lézard pénétra dans une grotte dont l'orifice était déjà cachée par la végétation. Il en trouva l'entrée en suivant un chat sauvage, venu, lui-aussi, se protéger d'une pluie incessante. Le Roi commença à passer de longue heures à ne rien faire, sauf à observer le chat. Il s'amusa à l'imiter dans tous ses gestes, ce qui sembla plaire au félin qui vint se blotir contre le corps du Roi. Au bout d'un certain temps, il s'ennuya et eut l'idée de peindre sur la paroi  de la grotte. Il voulut peindre son désir de passer de l'autre côté du monde sensible, de traverser la matière pour en appréhender la divine substance. Alors, il mit chacune de ses mains sur la surface et, avec l'autre, il figura les contours de la paume et des doigts.

Un autre jour, le Roi-Lézard mangeait tranquillement une banane qu'il avait acheté chez l'épicier asiatique en bas de la rue. Tandis qu'il marchait d'un air détaché, ses pensées allaient vers l'idée que même le goût d'un excellent vin finissait toujours par s'évaporer que donc, fallit pas se prendre la tête. Bref, il se comprenait. Faisant sans s'en rendre contre marche arrière, il repassa à l'endroit où il avait fait tomber sa peau de banane et glissa dessus. Il trouva le moyen de se briser un os. L'esprit remplit d'une vive douleur le Roi-Lézard se dit que la banane, ça sert d'os. Le sien lui aussi finit par se remettre et sa douleur comme le goût du vin s'en alla dans les brumes du temps.

Un autre jour, Le Roi Lézard se promenait sur les toits de Paris en quête de la Déesse Chat. Il se tenait en équilibre sur le zinc et les ardoises noires. La nuit était claire et froide. Ses yeux voyaient les particules d'or glisser à grande vitesse dans les artères urbaines. Alors qu'il se tenait comme ça entre ciel et terre, il vit par la fenêtre d'une chambre de bonne, une jeune fille qui se masturbait avec avidité et le plein pouvoir de son corps. En fait, il n'apercevait que son visage de l'endroit où il était. Ils sentit qu'elle cherchait autre chose, quelque chose dans lequel il était lui. Il s'approcha, elle le vit et sourit en continuant sa prière. Elle se tordait et criait, retenait sa respiration et criait à nouveau. Enfin, elle eut la Vision et pleura. Le Roi Lézard se mit à genou devant et pria aussi .

Je suis Dieu voyeur
Je passe pour être omniscient
Mais si je savais
Pourquoi regarderais-Je?

Un autre jour, le Roi Lézard essaya de la retenir, mais je ne vous dirais pas qui, car c'est un secret très bien gardé. A son grand désespoir, il n'y parvint pas. Peut-être s'agissait-il de Ludivide ou peut-être pas. Même les dieux n'ont pas réussi à en savoir plus, car il est imposible de pénétrer dans un coeur qui se refuse à l'impudique regard de tous les voyeurs bien pensants de ce monde.

Un autre jour, le Roi lézard  jouait gravement à la guerre sur un champ de bataille qui, lui était tout ce qu'il y a de plus réel. Il connue la grande jouissance du chasseur qui tenait sa proie au bout de sa lunette, à plus de huit cents mètres de distance et par grand vent. Il était sûr de son tir, mais se décida à ne pas appuyer sur la détente aussi sensible qu'un clitoris gorgé de sang. Tout cela, finalement, l'ennuyait profondement. Il se contenta de faire boum avec sa bouche pendant le restant de la journée, en comptant les morts qu'il n'avait pas tué.

    Un autre jour, le Roi-Lézard chia tout ce qu'il put. Il chia pendant des heures entières. Son cul était devenu une matrice immonde. Il chia comme une reine des abeilles pond des oeufs. A la fin de cet enfantement, il souffla sur ses matières qui se transformèrent en or. Ainsi, le Roi-Lézard devint-il riche et à l'abri du besoin.

    Un autre jour où le Roi-Lézard s'ennuyait ferme, il décida d'attendre la bonne vague, son cul royal planté dans le sable chaude et blanc d'une plage à peine imaginable. De beaux rouleaux se succédaient, mais rien de vraiment en lien avec ce qu'il recherchait au fond de lui. Je crois qu'il s'attendait à quelque chose de différent, d'unique. Beaucoup de gens aurait surfé les premières bonnes vagues qui se présentaient, mais lui  non.

Fais-moi ta danse du désir
Donne ce que t'as dans le ventre
Pour que j'ai envie de continuer la nuit
Tourne dans la musique et vole mon âme
Le temps que je brûle mes yeux
Fais-moi ta danse du désir
Reviens-y encore et montre-moi
Chérie de quoi tu es capable.

J'ai une tête de mort à la place du coeur
Un vaisseau de Liberté noire comme du sang
J'aime mes frères et leur courage inutile
J'appelle les profondeurs terribles


Demain je fume une dernière clope et j'arrête de mater les voitures jaunes avec des pneus larges.
Demain, je change de drogue et je trace une ligne bleue sur l'horizon des stations-service de nuit et leur corolles de nourriture surgelée à bon marché.
Demain , je vais au bout de la route des motels à trois sous qui sentent les amours tarifés. Demain, j'ouvre la bouteille de Jack que m'a refourgué cette fille avec un cul superbe. Demain, je lis le journal à la page des pronostics pour le tiercé et je ne comprends toujours rien à ces conneries.
Demain, je m'achète un putain de flingue en acier chromé avec un canon long.
Demain, je vais shooter ma bouteille vide de Jack dans le désert avec mon flingue tout neuf. Demain, j'essaye de retrouver cette fille avec un cul superbe qui m'a refougué ma bouteille de Jack, au cas où...
Demain, je mate quand même les voitures jaunes avec des pneus larges.

Demain est une histoire chérie avec une fin ou peut-être pas et un début chérie ou peut-être pas.

    Un autre jour, le Roi-Lézard attendait un indic dans un bar fréquenté par les fous et les avocats. C'était un tuyau pour un sacré bon plan, un truc dont il ne vaut mieux pas parler ici. Il commença par dire à la serveuse qu'il allait attendre. Et puis le temps passa un peu trop à son goût. Finalement, il rappella la serveuse et commanda un expresso. Il le but et le mec se faisait toujours attendre. Dehors, ça gelait sec, dans le troquet aussi d'ailleurs. Alors, le Roi-Lézard se tira.


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